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Nouvelle rubrique Objectif Métropoles « Et mes biodéchets, j’en fais quoi ? »

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« La gestion des biodéchets est un enjeu majeur qu’il faut réinscrire dans le quotidien de chacun. Il ne faut pas les considérer comme une contrainte car ils constituent une ressource formidable pour nos territoires, nous permettant de rendre à la terre ce qu’elle nous a donné pour nous nourrir. »

Clémence Bechu|Directrice Générale
Clémence Bechu

« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme »

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« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Cette célèbre citation, attribuée au chimiste révolutionnaire Antoine Lavoisier, résume simplement la Loi de conservation, constatant les principes circulaires inhérents au vivant et à ses phénomènes permanents de décomposition et de recomposition de la matière. Applicable à toute science, il s’agit sans doute d’une clé pour mettre en œuvre notre prochaine révolution industrielle, tirée par notre capacité à assurer notre transition vers une économie circulaire. Ce cheminement essentiel pour recréer un monde plus durable répond d’ailleurs à la question du journaliste Guillaume Pitron, spécialiste des métaux rares : un monde bas carbone est-il nécessairement un monde à hautes matières ? Dans l’une de ses dernières enquêtes, l’expert démontre en effet que chaque saut industriel de notre société a accru notre besoin en minerais et métaux. L’augmentation spectaculaire de l’usage d’assemblages métalliques complexes dans les produits génériques – le long de laquelle s’accumule le besoin croissant en éléments du tableau de Mendeleïev – démontre que nos technologies vertes, très « gourmandes » en matières, démultiplient encore plus les besoins. 

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Au regard de la croissance démographique et de nos modes de production – allant à l’encontre de tout principe de sobriété –, cette courbe suit la même pente en termes de consommations d’eau, d’énergie et autres productions de déchets induites par celles-ci. Heureusement, la prise de conscience collective autour des effets du changement climatique, doublée de réglementations exigeantes, nous encourage désormais à modifier notre façon de faire. C’est le cas pour nos biodéchets. À partir du 1er janvier 2024, c’est-à-dire tout de suite, les collectivités locales, les grandes et moyennes surfaces, les industries de l’agroalimentaire et tous les producteurs de biodéchets auront l’obligation de s’être organisés pour valoriser leurs déchets organiques, par la proposition d’un circuit vertueux responsabilisant les particuliers qui produisent, en moyenne en France, 80 kilos de biodéchets par personne et par an. C’est d’ailleurs une mesure issue de la loi AGEC inscrite dans un calendrier ayant déjà engagé les professionnels depuis 2016. À terme, l’objectif tient à cesser l’incinération et l’enfouissement des biodéchets, des pratiques encore trop courantes et des plus néfastes pour l’environnement. L’année 2023 (il ne reste plus beaucoup de temps…) est donc stratégique pour mettre en place des solutions de tri à la source et de valorisation biologique afin d’être en conformité avec la réglementation.

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Bonne nouvelle : les solutions ne manquent pas !

Compostage de proximité ou industriel, méthanisation ou encore collaboration avec des microalgues, les startups répondent à l’appel et redoublent d’ingéniosité pour permettre à chaque collectivité d’identifier celle qui s’adapte le mieux à ses enjeux et à ses contraintes.

Deux d’entre elles, issues de l’économie sociale et solidaire (ESS) et résolument complémentaires, ont particulièrement retenu mon attention. La première répond parfaitement aux milieux urbains, quand la seconde ne peut exister qu’en milieu rural, car elle implique un procédé de méthanisation interdisant toute implantation à moins de 200 mètres de toute forme d’habitation. Explications… Créateurs du mouvement #TousAlchimistes en 2016, Les Alchimistes proposent leur solution de tri et de compostage aux entreprises et collectivités avec un maillage territorial établi à partir de grandes polarités urbaines (Lille, Marseille, Nantes, Grand Paris…). Au-delà de leur offre qui s’adresse aussi aux particuliers – laquelle facilite la récupération avec des bornes désignées –, leur méthodologie de transformation des déchets en « prêt à compost » par broyage s’avère particulièrement efficace. En effet, elle permet de gagner neuf mois sur le cycle de décomposition naturel et d’obtenir, en trois mois seulement, une nouvelle terre à revendre pour réenrichir nos sols.

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De son côté, Easy, entreprise de l’économie verte, a développé un procédé inédit de valorisation des biodéchets par micro-méthanisation et culture de chlorelle, une microalgue qui permet une épuration naturelle des milieux turbides. La technologie va d’ailleurs au-delà de la simple méthanisation des biodéchets. Elle permet de transformer le digestat solide en terreau de rempotage et le digestat liquide en milieu de culture destiné aux microalgues. En résumé, ce procédé a la capacité de valoriser tous les résidus de la méthanisation ! Une fois récoltée, la biomasse constitue donc un excellent biostimulant, lequel accroît le rendement et la qualité des cultures de l’ordre de 30 %, augmente leur résistance au stress hydrique tout en contribuant à régénérer les sols. La première unité de valorisation développée par Easy – dite biovalerie – sera livrée à Brezolles cet automne, faisant de la région Centre-Val de Loire un territoire pionnier de cette technologie d’avenir. Au regard de ces deux exemples, la gestion des biodéchets demeure un enjeu majeur qu’il faut réinscrire dans le quotidien de chacun. Il ne faut pas les considérer comme une contrainte car ils constituent une ressource formidable pour nos territoires, nous permettant de rendre à la terre ce qu’elle nous a donné pour nous nourrir. Ainsi l’Homo Sapiens « urbain » pourra mettre en harmonie son environnement avec la nature et évoluer sans menacer sa survie, vers une espèce que j’ai baptisée « Homo Circularius ». Une version améliorée qui aura su adopter les économies circulaires du vivant. 

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